dimanche 8 février 2015

L'étrange Noël de Mathilde – Kepler Track

On savait que notre premier Noël dans l'hémisphère Sud allait être très différent. Pas de neige, pas d'odeur de vin chaud et de marrons grillés dans les allées du marché de Noël, pas de « soirées raclettes »...
Non, cette année, l'ambiance de Noël, c'était plutôt comme ça :



Et puis surtout, cette année, perdue de l'autre côté de la terre, pas non plus de fête en famille...

Puisqu'il n'y avait ni famille, ni neige, ni gaufres au nutella, moi, je suis partie en rando avec Eduardo (Ludivine nous a lâchement abandonnés bizarrement!) pour 4 jours, faire le Kepler Track.

Le Kepler Track, c'est une des Great Walks de Nouvelle-Zélande, il est situé au Sud Ouest de l'île du Sud, dans les montagnes du Fiordland National Park, entre les lacs Te Anau et Matapouri. C'est une boucle de 60 km, voire 70 km, quand, comme nous, on part du centre de Te Anau :



Pour ceux qui veulent plus d'infos : http://www.greatwalks.co.nz/kepler-track

Cette « petite » boucle, certains la parcourent en courant, en 4h30...nous, on n'était pas pressé, on a donc décidé de la faire sur 4 jours, avec 2 nuits en hut et une en tente (erreur ! mais je reviendrai là-dessus).

Le 25 décembre au matin, après un réveillon très sage et une nuit douillette au Holiday Park de Te Anau, nous avons commencé cette fameuse randonnée bâtons de marche en main, sac à dos sur les épaules, et pleins d'excitation (et aussi un peu d'angoisse en ce qui me concerne...).

JOUR 1


Pour cette première journée, le ciel est gris mais il fait chaud. On marche déjà presque une heure avant d'arriver à l'entrée du parc. Puis la « vraie rando » commence. On longe le lac Te Anau, dans le bush.




Tapis de mousse à la Disney...comme une envie irrésistible de faire une sieste...


Un petit arrêt déjeuner sur une plage au bord du lac nous donne un premier aperçu de la voracité des sandflies, petit monstre néo-zélandais, cousin du moustique (mais en pire selon moi!) et du choix visiblement peu avisé d'acheter un stick de DEET en guise de répulsif... Non pas que le Deet ne fonctionne pas mais, le problème est que ce produit est plutôt agressif pour la peau, donc vous essayez d'en mettre le moins possible, surtout si c'est en stick et donc très difficile à étaler. Par conséquent, les petites bêbêtes voraces se jettent littéralement sur la moindre parcelle de peau non protégée...
Bref, courte pause déjeuner donc, mais tout de même très belle vue sur le lac...



S'ensuivent plusieurs heures de montée à travers le bush, où je regrette d'avoir un sac aussi lourd (mais pourquoi est-ce qu'on a décidé de passer une nuit en tente alors qu'on aurait pu avoir trois nuits confortables en hut et un petit sac à dos tout mignon, tout léger, comme la plupart des gens qu'on rencontre sur le chemin!) mais je me félicite d'avoir deux bâtons de marche ! Autant vous le dire tout de suite, je souffre ! Je réponds avec un sourire crispé aux « Merry Christmas » des quelques marcheurs qui arrivent en sens inverse, et je commence sérieusement à douter de ma capacité à finir la randonnée... Il faut dire que ça ne fait que monter et que, pendant tout ce temps là, on est dans la forêt, à l'abri du soleil certes, mais également très éloignés de la vue !

Je peste, je fais ma fille, ma française, ma blonde, tous les clichés réunis...jusqu'à ce qu'on arrive en haut, à la lisière de la forêt, et que là, je me transforme en anglo-saxonne à coups de « WOW !!!! AMAZING !!! ». Parce que oui, en fait, finalement, si le Kepler Track est une des great walks, c'est qu'il y a une raison ! Jugez par vous mêmes !




La fin de la journée passe très vite, c'est dingue comme un chemin plus plat, avec une vue à couper le souffle, vous semble beaucoup plus agréable !

La première hut est située dans un endroit parfaitement idyllique, grande, propre, d'immenses baies vitrées donnant sur la montagne...je pourrais y passer des jours !



JOUR 2


Malgré les prévisions météos assez mauvaises, il ne pleut toujours pas. Cela dit le ranger (non, pas Walker Texas !) de la hut nous conseille tout de même de partir assez tôt pour éviter le vent violent qui peut être assez dangereux sur cette portion...
On part donc tôt...



Mais le vent est déjà très fort pour moi, et je comprends pourquoi ça peut être un problème lorsque l'on commence à longer la crête... On renonce même, comme beaucoup d'autres marcheurs, courageux mais pas téméraires, à monter au sommet. On se console en se disant que, de toute façon, avec les nuages, la vue n'était sans doute pas très intéressante...

Sans vouloir spoiler la suite, cette deuxième journée (de Luxmore hut à Iris Burn) est de loin la plus belle du Kepler Track. Montagnes et lacs à perte de vue... Encore une fois, malgré les quelques autres marcheurs que l'on croise, on se sent seuls au monde. C'est magique.
Enfin, ce serait sans doute plus magique sans le sac de 3 tonnes sur le dos, surtout dans les montées ! C'est décidé, la prochaines fois je ne ferai que des nuits en hut, plus de matériel de camping à porter, j'arrêterai peut-être d'avoir envie de planter mes bâtons de rando dans tous les marcheurs qui me dépassent avec leur petit sac de 40L sur le dos (oui, certes, ils me dépasseraient sans doute dans tous les cas, mais voir ces minuscules sac à dos, qui ont l'air si légers, me rend terriblement jalouse!). (Qui aurait pu croire que je puisse être un jour jalouse d'un sac à dos?!?!)






Passé la crête, on attaque la descente jusqu'au campement. C'est assez long, et plutôt rude pour les genoux, je ne regrette pas mes bâtons ! Je n'irai plus jamais marcher sans eux !







L'arrivée au campement est une bénédiction..jusqu'à ce que l'on se rende compte que le site est envahi par les sandflies... Une fois de plus on regrette de ne pas avoir réservé toutes les nuits en hut, mais il est trop tard.
Un aller-retour rapide à la cascade non loin de là, le temps de prendre deux photos avant de fuir ces vampires assoiffés de sang qui semblent bien décidés à nous faire la peau.





Autant vous dire que le repas a été avalé à vitesse grand V, et la tente barricadée en moins de 30 secondes, temps bien trop long cela dit pour les sandflies, qui avaient déjà réussi à s'y engouffrer. S'ensuivit une lutte sans merci, écrasage systématique du moindre objet volant à notre portée. En vain... Oui, les sandflies, c'est LE MAL !

JOUR 3


Entre les sandflies, le matelas acheté 5$ au Warehouse qui m'oblige à changer de position toutes les demi-heures, et le bruit du vent sur la toile de tente, la nuit n'a pas été des plus reposantes...

Au réveil, la pluie annoncée est enfin là. Heureusement la majorité du chemin est abrité par les arbres, ce qui ne m'empêche pas, bien sûr, d'arriver totalement dégoulinante à Moturau Hut, notre dernière étape.





Petite sieste sous la pluie



En fin de journée, le ciel se dégage et on peut profiter d'une belle fin de journée à admirer les montagnes sur le lacs Manapouri.






JOUR 4


Malgré la nuit dans une hut tout confort, je me réveille fatiguée et énervée... Qui n'a jamais fait de réaction allergique à une trentaine de piqûres de sandflies ne me comprendra sans doute pas (soit 99% de ceux qui liront ce blog) mais...comment vous dire...il est juste impossible de s'endormir avec des jambes dans cet état ! Bon ok, j'arrête de me plaindre, je suis en Nouvelle-Zélande, j'ai fait des randos qui sont classées dans les plus belles au monde, et après tout, c'est ce dont je me souviendrai dans dix ans ! Mais pour l'instant le souvenir intense (et les traces toujours violettes sur ma peau, même plus d'un mois après!) sont encore très présents !

En vrai, malgré la fatigue et l'énervement, la journée est tout simplement magnifique. Le lac Manapouri est superbe dans le soleil du matin, et le chemin plat et ombragé jusqu'à la fin, le long de la rivière...



Les marais



Forêt magique ? 



Épuisée mais fière ! 




2 commentaires:

  1. waouhhhh superbe rando!! Je compatie pour les moustiques....mais la bonne nouvelle c'est qu'il n'y avait pas de sansues, hein??? Bon sinon je suis toujours aussi épaté par l'aménagement des sentiers, excellent pour le respect de la biodiversité locale (surtout sur la photo ou on voit Eduardo attaquer un chemin de crête en descente...), en France c'est la préhistoire à côté!!! Et les photos d'association de plantes sont incroyable. Tu ferais baver plus d'un écologue ici!!!! Papa

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    1. Ha ha! Non pas de sangsues mais bon, les sandflies étaient suffisantes, crois moi ! Effectivement les sentiers de randonnées sont tous très bien aménagés, certains s'en plaignent car ce n'est pas aussi "sauvage" que ce qu'ils souhaiteraient, mais il me semble que c'est le seul moyen de protéger la faune et la flore locales...Et puis, pour moi et mon sens de l'orientation quasi inexistant, c'est quand même génial d'avoir des chemins de rando aussi bien balisés !

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